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Psychomotricité et troubles Dys : rôle et bienfaits pour l’enfant

Comprendre la psychomotricité et son rôle dans les troubles Dys

La psychomotricité est une approche thérapeutique qui considère le corps et l’esprit comme indissociables. Elle s’intéresse aux interactions entre les fonctions motrices et les fonctions psychiques, en tenant compte des dimensions cognitives, émotionnelles et relationnelles de l’individu.

Pour les enfants présentant des troubles Dys (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie, dysphasie), cette approche prend tout son sens. En effet, ces troubles neurodéveloppementaux affectent non seulement les apprentissages, mais également la façon dont l’enfant perçoit son corps, se repère dans l’espace et coordonne ses mouvements.

La psychomotricité agit sur le développement global de l’enfant en renforçant les fondations sensorimotrices nécessaires aux apprentissages. Elle établit un pont entre le corps, les perceptions et les fonctions cognitives, facilitant ainsi l’acquisition des compétences scolaires par des voies alternatives adaptées aux particularités de l’enfant Dys.

 

Quels troubles Dys peuvent bénéficier d’un suivi en psychomotricité ?

Dyspraxie : coordination motrice et gestuelle

La dyspraxie, aussi appelée trouble de l’acquisition de la coordination (TAC), se caractérise par des difficultés à planifier et exécuter des séquences de mouvements volontaires. L’enfant dyspraxique rencontre des obstacles pour :

  • Réaliser des gestes du quotidien (s’habiller, utiliser des couverts)
  • Coordonner ses mouvements lors des activités sportives
  • Manipuler des objets avec précision
  • Organiser son travail dans l’espace (géométrie, copie de figures)
  • Écrire de façon lisible et fluide

Pour ces enfants, la psychomotricité constitue une thérapie de premier choix. Le psychomotricien travaille sur la planification motrice, la coordination bimanuelle, l’orientation spatiale et la motricité fine, compétences fondamentales pour surmonter les défis quotidiens et scolaires.

Dysgraphie : écriture et motricité fine

La dysgraphie touche spécifiquement l’apprentissage et la maîtrise de l’écriture manuscrite. Elle peut être isolée ou associée à d’autres troubles Dys. L’enfant dysgraphique présente :

  • Une écriture illisible, irrégulière ou très lente
  • Une posture inadaptée lors de l’écriture
  • Une crispation excessive sur le crayon
  • Une fatigue importante lors des tâches d’écriture
  • Des difficultés à respecter les lignes et les marges

La psychomotricité intervient efficacement en travaillant sur :

  • Le tonus musculaire adapté à l’écriture
  • La posture globale et l’installation
  • La coordination œil-main
  • La préhension du crayon
  • L’automatisation des gestes graphiques

Ces compétences fondamentales facilitent ensuite l’acquisition d’une écriture plus fonctionnelle.

TDAH et régulation émotionnelle

Le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est fréquemment associé aux troubles Dys. Les enfants concernés éprouvent des difficultés à :

  • Maintenir leur attention sur une tâche
  • Contrôler leur impulsivité
  • Réguler leur niveau d’activité
  • Gérer leurs émotions
  • S’organiser dans le temps et l’espace

La psychomotricité propose des approches bénéfiques pour ces enfants en travaillant sur :

  • La conscience corporelle et l’ancrage
  • Les techniques de relaxation et de respiration
  • La canalisation de l’énergie par des activités structurées
  • L’amélioration de l’attention par des exercices sensoriels ciblés
  • La gestion des émotions par le corps

Ces interventions complètent utilement les autres prises en charge (médicales, psychologiques) du TDAH.

Autres troubles associés (hypotonie, agitation)

Les troubles Dys s’accompagnent fréquemment d’autres particularités psychomotrices qui impactent les apprentissages :

  • Hypotonie (tonus musculaire insuffisant) conduisant à une fatigue rapide
  • Difficultés d’équilibre statique et dynamique
  • Troubles de la latéralité (difficulté à distinguer droite et gauche)
  • Déficits de perception spatiale et temporelle
  • Problèmes de coordination globale

La psychomotricité permet d’évaluer précisément ces aspects et de proposer une remédiation adaptée, créant ainsi les conditions favorables aux apprentissages scolaires et à l’autonomie quotidienne.

 

Quels sont les bienfaits concrets de la psychomotricité ?

Meilleure coordination générale

La psychomotricité améliore significativement la coordination globale de l’enfant Dys par :

  • Le développement de l’intégration bilatérale (coordination des deux côtés du corps)
  • Le renforcement des coordinations œil-main essentielles pour les activités scolaires
  • L’amélioration des déplacements et de l’aisance corporelle
  • La fluidité des enchaînements de mouvements
  • La précision des gestes fins nécessaires à l’écriture et au dessin

Ces progrès se traduisent concrètement par une meilleure participation aux activités sportives, une plus grande autonomie dans les tâches quotidiennes et une amélioration des compétences graphiques.

Amélioration du schéma corporel

Le schéma corporel correspond à la représentation que l’enfant se fait de son propre corps, de ses limites et de ses possibilités. De nombreux enfants Dys présentent une construction fragile de ce schéma, ce qui impacte leurs apprentissages. La psychomotricité permet de :

  • Renforcer la connaissance des différentes parties du corps
  • Développer la conscience des positions corporelles
  • Améliorer la perception des limites du corps dans l’espace
  • Affiner la représentation mentale du corps en mouvement
  • Consolider l’image de soi positive

Ces acquisitions fondamentales facilitent ensuite la construction des repères spatiaux nécessaires à la lecture, l’écriture et les mathématiques.

Travail sur le tonus, la posture, l’équilibre

Le tonus musculaire, la posture et l’équilibre constituent les fondations sur lesquelles reposent les apprentissages. La psychomotricité offre des bénéfices importants dans ces domaines :

  • Régulation du tonus musculaire (ni trop tendu, ni trop relâché)
  • Correction des postures de travail inadaptées qui génèrent fatigue et inconfort
  • Renforcement de l’équilibre statique nécessaire au maintien attentionnel
  • Amélioration de l’équilibre dynamique pour les déplacements et activités physiques
  • Développement de l’endurance permettant de soutenir l’effort cognitif

Ces améliorations ont un impact direct sur la disponibilité cognitive de l’enfant, sa capacité à rester attentif et son confort lors des activités d’apprentissage.

Apaisement émotionnel et canalisation de l’énergie

Les troubles Dys génèrent souvent frustration, anxiété et sentiment d’échec. La psychomotricité agit positivement sur la sphère émotionnelle par :

  • Des techniques de relaxation adaptées aux enfants
  • L’apprentissage de la gestion du stress par des approches corporelles
  • La canalisation de l’énergie débordante vers des activités structurées
  • L’expression des émotions par le mouvement
  • Le développement de la confiance en ses capacités corporelles

Ces bénéfices émotionnels créent un cercle vertueux : un enfant plus serein devient plus disponible pour les apprentissages, ce qui génère des réussites renforçant l’estime de soi.

 

Quand consulter un psychomotricien ?

Signes d’alerte à repérer à la maison ou à l’école

Plusieurs indices peuvent suggérer qu’un enfant Dys bénéficierait d’un suivi en psychomotricité :

À la maison :

  • Difficultés persistantes dans les gestes du quotidien (s’habiller, se laver)
  • Maladresse inhabituelle, chutes fréquentes
  • Évitement des activités manuelles ou sportives
  • Fatigue excessive après un effort mental ou physique modéré
  • Agitation corporelle permanente ou, au contraire, lenteur excessive

À l’école :

  • Difficultés marquées en graphisme puis en écriture
  • Problèmes d’organisation dans l’espace de la feuille
  • Posture inadaptée lors des activités à table
  • Difficultés en éducation physique (équilibre, lancers, réception)
  • Troubles de l’attention liés à un inconfort postural

La persistance de ces signes, malgré une pédagogie adaptée, constitue une indication pour consulter un psychomotricien.

Âge recommandé pour une première évaluation

L’évaluation psychomotrice peut intervenir à différents âges selon les préoccupations :

  • Dès 3-4 ans si des retards psychomoteurs sont constatés (équilibre, coordination)
  • En grande section de maternelle (5-6 ans) en cas de difficultés graphiques ou de repérage spatial
  • Au CP (6-7 ans) face à des difficultés d’apprentissage de l’écriture
  • À tout âge du parcours scolaire si des troubles de la coordination ou de l’organisation spatiale entravent les apprentissages

Une intervention précoce offre l’avantage de prévenir l’installation de compensations inadaptées et de faciliter les apprentissages fondamentaux.

Modalités de bilan psychomoteur

Le bilan psychomoteur constitue la première étape du suivi. Il se déroule généralement ainsi :

  1. Entretien initial avec les parents pour recueillir l’histoire développementale de l’enfant
  2. Évaluation standardisée à travers des tests normés adaptés à l’âge
  3. Observation qualitative des stratégies utilisées par l’enfant
  4. Analyse des résultats en lien avec les difficultés scolaires
  5. Restitution des conclusions aux parents et propositions de suivi

Ce bilan explore diverses composantes : tonus, latéralité, coordination, organisation spatiale et temporelle, graphisme, attention et contrôle moteur. Il permet d’établir un projet thérapeutique personnalisé répondant aux besoins spécifiques de l’enfant.

 

Intégrer la psychomotricité dans un parcours scolaire inclusif

Coordination avec enseignants, AESH

L’efficacité de la psychomotricité est renforcée par une collaboration étroite avec l’équipe éducative :

  • Partage des observations et des stratégies efficaces
  • Transmission d’outils et adaptations utilisables en classe
  • Conseils sur l’installation de l’enfant et l’aménagement de l’espace
  • Formation des AESH aux postures et gestes à privilégier
  • Participation aux équipes éducatives pour un suivi cohérent

Cette coordination permet le transfert des acquis de la salle de psychomotricité vers la classe, assurant ainsi leur intégration dans les situations d’apprentissage quotidiennes.

Suivi complémentaire au PAP ou PPS

La psychomotricité s’inscrit naturellement dans les dispositifs d’accompagnement scolaire :

  • Dans le cadre d’un PAP (Plan d’Accompagnement Personnalisé), le psychomotricien peut suggérer des aménagements pédagogiques précis liés aux difficultés psychomotrices
  • Au sein d’un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation), les bilans et comptes-rendus du psychomotricien contribuent à l’évaluation des besoins par la MDPH
  • Les objectifs de la prise en charge psychomotrice peuvent être inclus dans ces dispositifs pour assurer une cohérence globale

Cette inclusion formelle dans les documents officiels garantit la prise en compte des besoins psychomoteurs de l’enfant dans son parcours scolaire.

 

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