En France, 3,5% à 5,6% des enfants scolarisés souffriraient de TDAH. La prévalence mondiale serait, quant à elle, estimée à 8%, plus élevée chez les garçons (10%) que chez les filles (5%)[1]. Ce constat chiffré est à envisager au conditionnel, ce trouble du neurodéveloppement restant, à l’heure actuelle, encore sous-diagnostiqué. Mais que recouvre-t-il exactement ? Quelle en est la symptomatologie ? Pourquoi est-il si souvent sous-évalué ? Et surtout, est-il clairement diagnostiqué et traitable ?
Qu’est-ce que le TDAH ?
Le trouble déficit de l’attention avec (TDAH) ou sans hyperactivité (TDA) est, au même titre que les troubles dys, un trouble du neurodéveloppement. Il surgit durant l’enfance ou l’adolescence et persiste souvent à l’âge adulte. Par ailleurs, il est aujourd’hui l’une des causes les plus fréquentes de consultations psychologiques/psychiatriques de l’enfant.
Il se caractérise par l’association de plusieurs symptômes, qui sont :
- un déficit de l’attention, c’est-à-dire une incapacité à se concentrer sur une tâche ou une conversation ;
- une hyperactivité (dans le cas du TDAH principalement), se traduisant par une agitation notable et incessante (l’enfant ne reste pas en place) ;
- une impulsivité systématique, qui se manifeste par exemple par une impatience, une tendance à interrompre les actions ou les paroles des autres et/ou une forte propension à l’action précipitée[2].
Ces symptômes varient en intensité selon chaque personne. De plus, l’un des symptômes peut prédominer sur les autres, mais ils sont le plus souvent associés. Ainsi, chez les enfants diagnostiqués[3] :
- environ 47% manifestent principalement un trouble de l’attention ;
- 36% présentent une association plus marquée des symptômes d’hyperactivité et d’impulsivité ;
- 17% combinent les 3 symptômes.
Enfin, le TDA/TDAH est cliniquement reconnu et dûment décrit dans le Manuel Diagnostic et Statistiques des Troubles Mentaux (DSM) et la Classification Internationale des Maladies (ICM)[4].
Pourquoi certaines personnes souffrent-elles de TDAH ?
La communauté scientifique et médicale débat encore sur l’origine de ce trouble du neurodéveloppement. Toutefois, un consensus émerge autour de son caractère multifactoriel. Le TDAH serait donc causé par[5] :
- la génétique (prédisposition héréditaire) ;
- l’environnement ;
- des complications périnatales – naissance prématurée, pathologies de la femme enceinte comme la prééclampsie, l’hypertension, le surpoids et l’obésité, ainsi que le tabagisme maternel.
D’autres études, portant sur les antécédents familiaux, montrent également que l’abus de toxiques (alcool, stupéfiants) chez les parents pourrait jouer un rôle important dans la survenue du TDAH.
Comment reconnaître le TDAH ?
Les premiers signes sont souvent difficiles à détecter avant l’âge de quatre ans. Ils se révèlent plus nettement au début de la scolarité en primaire.
Les signes révélateurs du TDAH
Selon le descriptif proposé par le DSM précédemment cité[6], le TDAH se manifeste chez l’enfant par :
- des difficultés à maintenir l’attention et la concentration ;
- une incapacité à terminer les activités scolaires (dessin, écriture, exercices, jeu…) ;
- une apparente inattention – l’enfant donne l’impression de ne pas écouter en classe ;
- une désorganisation notable – par exemple, l’écolier ne parvient pas à ranger ses affaires correctement dans son cartable, exécutant la tâche, pourtant simple, de façon incohérente et désordonnée.
À ces troubles de l’attention, peuvent s’ajouter d’autres signes très parlants :
- hyperactivité motrice, où l’enfant est agité et remuant, a besoin de bouger constamment, se tord les mains ou balance ses jambes ;
- impulsivité (sans agressivité), où l’enfant peut couper la parole du professeur ou des camarades, débute des activités de son propre chef ou ne suit pas les consignes (qu’il est d’ailleurs susceptible d’oublier malgré lui).
Les troubles de l’apprentissage sont également un signe révélateur, puisque 20% à 60% des enfants atteints de TDAH en présentent. Ils incluent :
- des difficultés à lire, écrire ou calculer ;
- une apparente inattention en classe ;
- une incapacité à réfléchir sur des tâches « complexes », comme la résolution d’un problème mathématique ou l’écriture d’une rédaction ;
- des fautes d’inattention fréquentes ;
- des travaux « brouillon » car non achevés ou raturés ;
- une difficulté à suivre des instructions, même simples.
Les répercussions du TDAH sur l’enfant
Ces difficultés scolaires se traduisent souvent par des mauvaises notes et des remarques sur le comportement de l’élève. En outre, elles sont sources de souffrance pour l’enfant, qui peut alors montrer une baisse de l’estime de soi, des relations sociales altérées, des signes d’anxiété voire de dépression, une intolérance à l’autorité, des accès de colère ou une très faible tolérance à la frustration[7].
Comment se déroule le diagnostic du TDAH ?
Le rôle de l’entourage direct
Tout d’abord, rappelons qu’il n’y a pas de diagnostic clinique possible sans la vigilance de l’entourage. En effet, les parents, les enseignants, voire le médecin de famille sont aux premières loges pour détecter la possibilité d’un TDAH. Si les signes sont ignorés ou minimisés, attribués au tempérament naturel de l’enfant ou à un « mauvais » modèle d’éducation, le diagnostic risque d’être retardé. Il est donc primordial de consulter un professionnel de santé spécialisé dès les premiers soupçons.
La démarche diagnostique
Ensuite, le corps médical peut mettre en place une évaluation. Selon le Professeur Diane Purper-Ouakil, pédopsychiatre au CHU de Montpellier, « le diagnostic ne souffre désormais d’aucune ambigüité et repose sur un faisceau d’indices cliniques clairs : symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité et d’impulsivité présents depuis au moins 6 mois, à un seuil supérieur à la normale, avec manifestation avant l’âge de 12 ans, s’exprimant autant à l’école qu’à la maison ou dans d’autres lieux de sociabilité »[8].
Le DSM répertorie les signes permettant le diagnostic du TDAH. Pour confirmer le trouble, l’enfant doit présenter au moins 6 signes d’inattention ou d’hyperactivité et d’impulsivité, observables dans au moins 2 contextes différents (par exemple, maison et école). Les signes sont les suivants :
Signes d’inattention | · Inaptitude à accorder son attention aux détails
· Difficultés à maintenir l’attention sur une tâche ou un jeu · Semble ne pas écouter lorsqu’on s’adresse à lui/elle · Incapacité à suivre des instructions et à terminer une tâche attribuée · Réticence à entreprendre une tâche qui demande un effort mental soutenu · Difficulté à organiser ses activités · Perte fréquente des effets personnels · Distraction face aux stimuli externes · Caractère étourdi |
Signes d’hyperactivité et d’impulsivité | · Se tortille, remue ses mains et ses pieds
· Quitte la place qui lui est attribuée · Court et saute constamment, grimpe partout · Difficulté à jouer tranquillement · Bouge sans cesse · Parle de façon excessive (volubilité) · Répond aux questions avant qu’elles finissent d’être formulées · Difficulté à attendre son tour · Interrompt les autres, fait irruption au sein de groupes |
Comment le TDAH est-il pris en charge ?
Une fois le diagnostic posé, des bilans psychométriques sont réalisés pour le confirmer et l’affiner. S’ensuit alors la mise en place d’un traitement.
La prise en charge débute par des mesures non médicamenteuses, en l’occurrence des thérapies cognitives et/ou comportementales. Elles ne permettent pas d’éliminer les symptômes mais aident à mieux gérer les répercussions quotidiennes du TDAH. Elles sont préconisées pour tous les enfants, y compris les plus jeunes.
Les enfants en âge scolaire, les adolescents et les adultes voient la thérapie complémentée par un traitement médicamenteux. Les médicaments actuellement employés sont :
- les psychostimulants, comme le méthylphénidate ;
- les non stimulants, comme l’atomoxétine.
Ils permettent d’atténuer la symptomatologie du TDAH.
Le TDA/TDAH est un trouble complexe mais bien identifié, dont les retentissements affectent tous les aspects de la vie des enfants concernés. Une prise en charge précoce et adaptée, combinant thérapie et médicaments, permet d’améliorer significativement leur quotidien et leur bien-être. L’implication de l’entourage reste toutefois cruciale, tant pour repérer les signes menant au diagnostic que pour accompagner l’enfant touché.
[1] 2023, Ayano et al., The global prevalence of attention deficit hyperactivity disorder in children and adolescents: An umbrella review of meta-analyses
[2] Assurance Maladie, Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant (TDAH)
[3] Haute Autorité de Santé, Haute Autorité de Santé – Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : repérer la souffrance, accompagner l’enfant et la famille
[4] Société Française du TDAH, À propos – SF-TDAH
[5] 2023, Salari et al., The global prevalence of ADHD in children and adolescents: a systematic review and meta-analysis
[6] DSM, Trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)
[7] 2023, Claney, The Emotional Toll of ADHD: Exploring Mental Health Impacts
[8] 2022, INSERM, TDAH : Vers un consensus universel